news Un Italien âgé de 80 ans présente une faculté incroyable : il est capable d’accéder à tous les souvenirs autobiographiques de son existence, c’est-à-dire à tout ce qu’il a vécu.
On parle d’hyperthymésie, caractérisée par une capacité exceptionnellement supérieure à se remémorer tous les événements, tous les détails de sa vie. On estime que tout au plus, une centaine de personnes dans le monde sont dans ce cas. Pour beaucoup d’entre elles, la situation est pathologique, car la personne se plaint de ne pouvoir oublier aucun souvenir (en particulier négatif), alors qu’elle consacre une proportion anormalement élevée de son temps à penser à son passé.
Pour sa part, G.C., un Italien de 80 ans, vit tout cela très bien. Il a répondu à l’appel d’une équipe de l’université de Pérouse, qui souhaitait lancer une étude sur les mécanismes impliqués dans l’hyperthymésie, dont les causes et les processus sont encore largement méconnus. A ce jour, aucune étude sur le sujet n’avait concerné une personne aussi âgée, sachant que la mémoire, même de grande qualité, décline avec l’âge.
Des résultats ahurissants
G.C. a accepté de se soumettre à un éventail de tests et d’examens médicaux. Concernant sa propre existence, il se remémore à peu près tout ce qu’il a vécu, en se souvenant des événements, des dates, des lieux, ainsi que de ses émotions à ces moments-là. Mais il fait encore mieux.
Ainsi, un double test a consisté à lui présenter des dates aléatoires - alors que G.C. était âgé de plus de 8 ans - générées par un ordinateur, à charge pour G.C. de préciser soit ce qu’il faisait ce jour-là (test 1), soit l’événement public (même mineur) qui s’est produit à cette date (test 2). Dans la population générale, le score est habituellement proche de zéro, pour G.C., le taux de réussite a été respectivement de 76% et de 65%, ce qui est ahurissant.
Un câblage particulier dans le cerveau
Pendant qu’il passait ces tests, G.C. a été soumis à une résonance magnétique (IRMf), afin d’observer le fonctionnement de son cerveau. Ainsi que l’explique Le Monde, l’analyse structurelle n’a rien montré de spécial par rapport au volume du cerveau ou de ses différentes régions (on pense notamment à l’hippocampe, qui joue un rôle central dans la mémoire). Par contre, les spécialistes relèvent « un câblage particulier », impliquant le cortex préfrontal ventromédian (rappel aisé des souvenirs autobiographiques en fonction de leur ancienneté) et de la jonction temporo-pariétale (un « carrefour » du traitement de l’information), avec aussi une activation singulière de l’insula (émotions).
Tout ceci constituerait « un mécanisme permettant à G.C. d’augmenter les ressources neuronales dédiées à la récupération des souvenirs stockés en mémoire ». Tous les mystères de l’hyperthymésie sont loin d’être dévoilés, mais il s’agit d’un pas significatif accompli dans la compréhension de cette faculté hors du commun.
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