lundi 12 avril 2021

Alimentation : comment le dégoût nous protège contre les infections

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news Le dégoût exerce un effet répulsif qui incite à ne pas consommer l’aliment qui provoque cette sensation. Mais il ne s’agit pas que d’une question de saveur : cette réaction nous protégerait contre le risque d’infection par des germes transmis par l’aliment ou la boisson.

Nous avons tous connu cela. Une viande qui sent mauvais, un aliment dont l’apparence suspecte nous révulse, une boisson au goût douteux : la réaction immédiate, c’est le dégoût, et nous passons notre chemin. Dans nos sociétés occidentales, où l’abondance est la règle et où la nourriture répond à des normes sanitaires de plus en plus strictes, ces situations se produisent le plus souvent quand le consommateur n’a pas respecté certaines règles d’hygiène, en particulier les conditions de conservation (chaîne du froid, date limite…), sachant aussi que nous sommes très sélectifs par rapport à la qualité des aliments, en particulier leur fraîcheur. Dans des sociétés moins développées, moins riches, il en va autrement : on n’a pas toujours le choix.

Tradition et modernité

Au regard de l’évolution humaine, le dégoût correspondrait à une émotion dont la fonction consiste à inciter à l’évitement d’aliments susceptibles de transmettre des germes infectieux, qu’il s’agisse de virus, de bactéries ou de parasites. Et cette émotion n’est pas figée : elle est dépendante de la manière dont les conditions de vie changent.

Pour la première fois, cette hypothèse a été testée en conditions réelles par une équipe américaine (université du Colorado). Comment ? Auprès de trois communautés Shuar (autrefois les Jivaros) résidant en Equateur. Cette population présente un intérêt majeur dans le cadre de cette étude, puisque dans certaines familles, le mode de vie est resté traditionnel, singulièrement en termes de production et de consommation alimentaire, alors que dans d’autres, la « modernité » a gagné du terrain avec l’introduction de produits alimentaires industriels, le raccordement à l’eau et à l’électricité, et l’achat d’appareils ménagers comme un frigidaire ou une cuisinière.

Une bonne ou une mauvaise chose ?

Et ce que l’on constate, c’est que plus une personne s’éloigne du mode de vie traditionnel, plus sa sensibilité au dégoût alimentaire augmente. Ceci s’explique par la diversification des sources alimentaires, avec un accès à des aliments apparemment plus « sûrs » sur un plan microbiologique, et dès lors la possibilité de rejeter ceux qui paraissent suspects. En termes de santé, on observe une conséquence très nette, puisque ce renforcement de la sensation de dégoût est associé à un taux plus faible d’infections d’origine alimentaire.

La progression de cette « modernité » est-elle une bonne ou une mauvaise chose ? En l’occurrence, la question se pose autrement, et elle renvoie à une relation complexe et multidirectionnelle entre le dégoût, les infections et les variations de l’environnement. Ce qui est établi, c’est que cette association est évolutive, et qu’elle s’inscrit dans un contexte coût - bénéfice.

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