vendredi 6 février 2015

2 milliards d’années sans évolution pour des bactéries sulfureuses


Des bactéries sulfureuses n'auraient pas évolué durant plus de 2 milliards d’années. Cette découverte a été établie par une équipe internationale de géologues et de biologistes s’intéressant aux origines de la vie. Ceux-ci ont comparé des fossiles trouvés en Australie-Occidentale à des bactéries bien vivantes trouvées au large du Chili. Cela peut sembler en contradiction avec la théorie de l’évolution mais, en réalité, il n’en est rien.

Les chercheurs ont comparé ces fossiles de bactéries sulfureuses âgées de 1,8 et 2,3 milliards d'année à certains micro-organismes modernes trouvés dans les fonds boueux de l'océan Pacifique. Résultat : pendant des milliards d'années l'évolution ne semble pas avoir laissé son empreinte sur ces bactéries primitives. © UCLA Center for the Study of Evolution and the Origin of LifeLes chercheurs ont comparé ces fossiles de bactéries sulfureuses âgées de 1,8 et 2,3 milliards d'année à certains micro-organismes modernes trouvés dans les fonds boueux de l'océan Pacifique. Résultat : pendant des milliards d'années l'évolution ne semble pas avoir laissé son empreinte sur ces bactéries primitives. © UCLA Center for the Study of Evolution and the Origin of Life
La théorie de l’évolution de Charles Darwin repose solidement sur de nombreux faits expérimentaux dont ceux fournis par la paléontologie. Cette théorie a fourni un des paradigmes fondamentaux de la biologie qui s’articule avec l’image du monde révélée par l’astrophysique et la cosmologie au XXesiècle : celle d’un univers où l’évolution est omniprésente, de l’espace-temps jusqu’à la matière elle-même.
Cela ne veut pas dire qu'il ne reste plus rien à comprendre en ce qui concerne par exemple l’histoire de la biosphère. Les techniques de la physique et de la chimie moderne nous permettent heureusement de pénétrer lentement mais sûrement dans les arcanes de cette histoire comme le montre une récente publication dans le célèbre journal Pnas.
Une équipe internationale de chercheurs en géosciences et exobiologie vient de montrer à nouveau quels bénéfices pouvaient être tirés de l’étude de la lumière alors que l’on célèbre cette année les sciences et la technologie qui en découlent. Le rayonnement peut en effet servir à fouiller dans les archives de la Terre. La spectroscopie par effet Raman a ainsi été utilisée pour déterminer la composition de roches contenant des microfossiles trouvées en Australie-Occidentale en complément d’une technique de microscopie confocale à balayage laser pour établir la structure en 3D de ces microfossiles.
Cette lame de roche est âgée de 1,8 milliards d'années. Les fossiles de bactéries sulfureuses que l'on y trouve (zones sombres) sont essentiellement identiques aux fossiles plus vieux de 500 millions d'années aussi trouvés en Australie et surtout à des micro-organismes modernes.
Cette lame de roche est âgée de 1,8 milliard d'années. Des fossiles de bactéries sulfureuses ont été trouvés dans les zones sombres. Ils sont essentiellement identiques aux fossiles plus vieux de 500 millions d'années, également trouvés en Australie, et surtout à des micro-organismes modernes. © UCLA Center for the Study of Evolution and the Origin of Life

L'instabilité de l'environnement, une clé de l'évolution

Il s’agissait de restes de bactéries sulfureuses découvertes dans des terrains âgés de 1,8 et 2,3 milliards d’années, donc après et pendant le fameux épisode de la Grande Oxydation au moment où les organismes photosynthétiques, comme ceux à l’origine des stromatolithes, seraient devenus suffisamment nombreux pour libérer de grandes quantités d’oxygène dans les océans. Les données obtenues ont été comparées entre elles puis avec celle d’organismes actuels bien vivants trouvés dans les fonds boueux au large du Chili.
À leur grande surprise, les chercheurs n’ont pu trouver aucune différence entre les bactéries sulfureuses fossilisées et celles actuelles. Sur une période de plus de 2 milliards d’années, l’évolution semble avoir été inopérante sur ces micro-organismes. S’agissait-il de la première observation montrant qu’il fallait remettre en cause la théorie de l’évolution de Darwin ?
« Absolument pas ! », précise l’un des auteurs de l’étude, J. William Schopf, professeur en sciences planétaires à l’UCLA. Le chercheur précise en effet que la théorie de l’évolution de Darwin prévoit que des changements évolutifs se produisent sous l’effet de la pression de l’environnement et de l’excellence de l’adaptation d’un organisme à cet environnement. Or, les sédiments marins où vivent ces bactéries sulfureuses constituent un milieu stable et simple auquel ces micro-organismes sont parfaitement adaptés. Au contraire, ce serait si l’on avait trouvé des traces d’évolution qu’il aurait fallu revoir sérieusement la copie développée depuis Charles Darwin.

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